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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


ne sont que des parties et non le tout. Mais ils sont en partie réels, en partie négatifs. Par cette construction d’un monde, ce Dieu métaphysique (le realissimum) semble bien être identique avec le monde (malgré toutes les protestations contre le spinozisme) comme un être tout existant.

Mais passons sur toutes ces objections, et voyons les prétendues preuves de l’existence d’un tel être, qui par cette raison peuvent être appelées ontologiques.

Il n’y a que deux arguments ; il ne peut y en avoir davantage. — Ou l’on conclut de la notion de’être souverainement réel à son existence, ou de l’existence nécessaire de quelque chose à une notion déterminée que nous avons à nous en faire.

Le premier argument conclut ainsi : un être souverainement parfait métaphysiquement doit nécessairement exister, car s’il n’existait pas il lui manquerait une perfection, l’existence.

Le second argument conclut à l’inverse : un être qui existe comme être nécessaire doit avoir toute perfection, car s’il n’avait pas en soi toute perfection (réalité), il ne serait pas universellement déterminé a priori par sa notion, et, en conséquence, ne pourrait pas être conçu comme être nécessaire.

Le défaut de solidité de la première preuve, dans laquelle l’existence est conçue comme une détermination particulière en dehors de la notion d’une chose et ajoutée à cette chose, quand cependant la simple position de la chose avec toutes ses déterminations, en quoi cette notion n’est par conséquent pas étendue, —