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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE

Au point de vue théorique, nous ne pouvons pas le moins du monde arriver par les plus grands efforts de la raison à la persuasion de l’existence de Dieu, de l’existence du souverain bien, et d’une prochaine vie future, car il n’y a pour nous aucune connaissance possible dans la nature des objets sursensibles. Mais au point de vue pratique nous nous faisons ces objets mêmes, comme nous jugeons leurs idées, utiles à la fin dernière de notre raison pure. Cette fin, parce qu’elle est nécessairement morale, peut bien causer l’illusion de faire regarder ce qui a une réalité subjective, à savoir pour l’usage de la liberté de l’homme (parce qu’il lui est présenté dans des actions qui sont conformes à la loi morale) comme une connaissance de l’existence de l’objet qui correspond à cette forme.

Il s’agit maintenant d’esquisser le troisième stade de la métaphysique dans les progrès de la raison pure • vers sa fin dernière. — Il forme ira cercle dont la limite revient sur elle-même, et renferme un tout de connaissance sursensible en dehors duquel il n’y a plus rien de cette sorte, et qui comprend néanmoins tout ce qui peut satisfaire le besoin de cette raison. — Après donc s’être affranchie de tout ce qui est empirique, dont elle s’était toujours embarrassée dans les deux premiers stades, ainsi que des conditions de l’intuition sensible qui ne lui présentent les objets que dans le phénomène, et s’être placée au point de vue des idées d’où elles sont aperçues comme leurs objets en eux-mêmes, elle décrit son horizon qui, procédant d’une manière théorico-dogmatique, part de la liberté,