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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


dans le monde, autant qu’il est dans l’homme ; — je crois à une vie future éternelle, comme à la condition d’une approximation incessante du monde à l’égard du souverain bien possible en lui ; — ce Credo, dis-je, est une libre croyance sans laquelle il n’y aurait aucune valeur morale. Il ne permet donc aucun impératif (aucun Credo), et le fondement de sa justesse n’est pas une preuve de la vérité de ces propositions considérées comme théoriques. Ce n’est pas un enseignement objectif de la réalité de leurs objets, réalité impossible, en effet, par rapport au sursensible ; ce n’est qu’un enseignement subjectif, d’une valeur pratique, il est vrai, et qui suffit à cet égard. Il apprend à agir comme si nous savions que ces objets sont réels. Mode de représentation qui ne doit pas non plus être ici considéré comme nécessaire au point de vue techniquement pratique, comme théorie de la prudence (d’admettre plutôt trop que trop peu), parce qu’autrement elle ne serait pas sincère ; elle n’est nécessaire qu’au point de vue moral à l’égard de ce que nous sommes déjà obligés par nous-mêmes de pratiquer, à savoir de tendre à l’accomplissement progressif du souverain bien dans le monde, d’ajouter en tout cas par des idées toutes rationnelles un supplément à la théorie de la possibilité de ce bien, puisque nous ne nous donnons ces objets, Dieu, la liberté et l’immortalité, que comme une conséquence de l’exigence des lois morales en nous, et que nous leur accordons spontanément une réalité objective, avec l’assurance qu’il ne peut se rencontrer dans ces idées