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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


que la nature peut procurer, dans le bonheur (qui est la plus grande somme possible de jouissance), mais dans ce qui est le plus nécessaire, à savoir la condition sous laquelle seule la raison peut reconnaître le bonheur à des êtres raisonnables, c’est-à-dire aussi dans leur conduite la plus conforme à la morale.

Cet objet de la raison est sursensible ; c’est un devoir d’y marcher comme à une fin dernière. Il est indubitable qu’il doit y avoir un stade de la métaphysique pour ce passage, et dans ce passage un progrès. Cependant c’est chose impossible sans théorie, car la fin n’est pas entièrement eu notre pouvoir ; nous devons donc nous faire une notion théorique de la source d’où elle peut provenir. Une théorie de ce genre ne peut cependant avoir lieu d’après ce que nous connaissons dans les objets, mais en tout cas d’après ce que nous y mettons, parce que l’objet est sursensible. — Cette théorie n’est donc possible qu’au point de vue pratico-dogmatique, et ne peut garantir à l’Idée de fin dernière qu’une réalité objective suffisante à cet égard.

Quant à la notion de fin elle est toujours de notre façon, et celle de fin dernière doit être donnée a priori par la raison.

Trois de ces notions factices, ou plutôt théoriques, sont des Idées transcendantes, quand on les traite par la méthode analytique, à savoir le sursensible en nous, au-dessus de nous, et après nous.

1°. La liberté, dont le commencement doit exister parce que nous ne connaissons (a priori, par conséquent dogmatiquement, mais seulement dans un but