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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


produits ait eu le dessein de former cette structure d’après le but indiqué, dessein qu’en effet on ne perçoit pas, que nous ne supposons dès lors que par voie de raisonnement, afin seulement de reconnaître une finalité dans de tels objets.

Nous avons donc une notion d’une téléologie de la nature, et même a priori, parce que nous ne l’introduisons pas d’ailleurs dans notre représentation des objets naturels, mais parce que nous avons dû la tirer uniquement de cette intuition empirique. La possibilité a priori de ce mode de représentation, qui n’est cependant pas encore une connaissance, se fonde donc sur ce que nous constatons en nous-mêmes une faculté de liaison suivant des fins (nexus finalis).

Quoique les doctrines physico-théologiques (des fins naturelles) ne soient jamais dogmatiques, et puissent moins encore fournir la notion d’une fin suprême, c’est-à-dire de l’inconditionné dans la série des fins, reste cependant la notion de liberté, telle qu’elle se présente dans la cosmologie, comme causalité inconditionnée sensiblement même, notion qui a été attaquée par le scepticisme, mais pas réfutée cependant, et avec elle la notion d’une fin. Celle-ci a même une valeur moralement pratique inévitable, quoique sa réalité objective, comme en général celle de toute finalité d’objets donnés ou conçus, ne puisse pas être affirmée théoriquement d’une manière dogmatique.

Cette fin suprême est le souverain bien de la raison 1 pratique, en tant qu’il est possible dans le monde. Mais il ne doit pas être cherché uniquement dans ce