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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


son par raison pure, c’est-à-dire comme liaison de pensée des choses en soi. D’où il arrive que cette proposition ne peut, sans contradiction, être appliquée aux objets dans l’espace et le temps, et qu’on ne peut échapper à cette contradiction qu’en admettant que les objets dans l’espace et le temps, comme objets d’une expérience possible, ne doivent pas être regardés comme des choses en soi, mais comme de simples phénomènes dont la forme repose sur la propriété subjective de notre manière de les percevoir.

L’antinomie de la raison pure revient donc inévitablement à cette limitation de notre connaissance, et ce qui a d’abord été prouvé dogmatiquement a priori dans l’analytique, se trouve également confirmé dans la dialectique par une expérimentation de la raison qu’elle institue dans sa propre faculté. L’inconditionné dont la raison a besoin ne peut se trouver dans l’espace et le temps, et cette faculté est réduite à espérer le progrès incessant dans les conditions, sans pouvoir l’achever.

Deuxièmement. Le conflit de ces propositions n’est pas purement logique, — celui d’une opposition analytique (contradictorie oppositorum), c’est-à-dire une simple contradiction, car il arriverait alors que si l’une d’elles était vraie l’autre devrait être fausse, et réciproquement ; par exemple la proposition : Le monde est infini quant à l’espace, comparée avec la proposition : Le monde n’est pas infini dans l’espace, — mais il est transcendantal, c’est-à-dire celui d’une opposition synthétique (contrarie oppositorum), par exemple, le