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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.

b) Antithèse : le monde est aussi infini quant à la durée passée ; car s’il avait un commencement, un temps vide se serait écoulé avant celui-là, temps qui néanmoins faisait l’objet d’une expérience possible, la naissance du monde, par conséquent de rien qui eût précédé. Ce qui est contradictoire.

II. Par rapport à la quantité intensive, c’est-à-dire au degré suivant lequel cette quantité remplit l’espace et le temps, se révèle l’antinomie suivante :

a) Thèse : les choses corporelles dans l’espace se composent de parties simples ; car si l’on suppose le contraire, les parties seraient, à la vérité, des substances ; mais si toute leur composition s’évanouissait, comme une simple relation, il ne resterait que le simple espace comme unique sujet de toutes les relations. Les corps ne seraient donc pas composés de substances. Ce qui contredit la supposition.

b) Antithèse ; Les corps ne se composent pas de parties simples.

La première antinomie tient à ce que, dans la notion de la grandeur des choses du monde, tant dans l’espace que dans le temps, nous pouvons nous élever des parties données d’une manière absolument conditionnée au tout inconditionné dans la composition, ou descendre, par une division, du tout donné aux parties conçues sans condition. — Que l’on admette, en ce qui regarde la première sorte d’antinomie, que le monde est infini quant à l’espace et au temps, ou qu’il est fini, on tombe inévitablement dans des contradictions. Car si le monde, comme l’espace et le temps