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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE

I. Par rapport à la grandeur extensive du monde dans sa mesure, c’est-à-dire par rapport a l’addition de l’unité homogène et égale, comme unité de mesure, pour avoir une notion déterminée,

a) de sa grandeur dans l’espace, et

b) de sa grandeur dans le temps,


en tant que l’une et l’autre sont données et dont la dernière par conséquent doit mesurer le temps écoulé de la durée du monde. La raison affirme de l’une et de l’autre avec une égale autorité qu’elle est infinie, et qu’elle n’est cependant pas infinie, par conséquent qu’elle est finie. Mais la preuve de ces deux propositions, chose remarquable, ne peut se faire directement ; elle n’est possible qu’apagogiquement, c’est-à-dire par une réfutation du contraire. Donc :

a) Thèse : le monde est infini quant à son étendue dans l’espace ; car, s’il était fini, il serait limité par l’espace vide, qui est lui-même infini, mais qui n’est rien en soi d’existant, et qui suppose cependant l’existence de quelque chose comme objet d’une perception possible, à savoir l’espace d’un espace, qui ne renferme rien de réel, et qui cependant suppose l’existence de quelque chose comme objet de la perception possible, c’est-à-dire l’objet d’un espace qui ne contient rien de réel, et qui contient néanmoins, comme limites du réel, c’est-à-dire comme la dernière condition à remarquer de ce qui se limite réciproquement dans l’espace ; ce qui est contradictoire, car l’espace vide ne peut être perçu, ni emporter avec soi une existence (qu’on puisse signaler).