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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


au rapport des conséquences à leurs principes, est ce qui jette la raison dans une contradiction sans fin avec elle-même, tant que les objets qui occupent l’espace et le temps sont pris pour des choses en soi, et non pour de simples phénomènes ; ce qui était inévitable avant l’ère de la critique rationnelle pure. En sorte que thèse et antithèse se détruisaient toujours réciproquement, et devaient précipiter la raison dans le scepticisme le plus désespéré, et funeste à la métaphysique, qui, ne pouvant pas même satisfaire ses exigences par rapport aux objets des sens, ne pouvait pas songer à passer au sursènsible, qui est cependant sa fin dernière (1)[1].

Si donc nous nous élevons dans la série ascendante du conditionné aux conditions dans un tout cosmique, pour arriver à l’inconditionné, alors se présentent les contradictions suivantes, contradictions vraies ou simplement apparentes de la raison avec elle-même dans la connaissance théoriquement dogmatique d’un tout cosmique donné : cl’abord quant aux Idées mathématiques de la composition ou de la division de l’homogène ; secondement quant aux Idées dynamiques du fondement de l’existence du conditionné sur l’existence inconditionnée.

  1. (1) La proposition : L’ensemble de toutes les contradictions dans le temps et l’espace est inconditionné> est fausse. Car si tout est conditionné dans l’espace et le temps (intérieurement), aucun tout n’en est possible. Ceux-là donc qui admettent un tout absolu de conditions purement conditionnées, qu’elles soient limitées (finies) ou illimitées (infinies), se contredisent ; et cependant l’espace doit être regardé comme un tout de cette nature^ ainsi que le temps écoulé.