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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


ainsi que je l’ai fait, ce fut cependant tout comme s’il eût dit : les mathématiques pures ne contiennent que des propositions analytiques, et la métaphysique que des propositions synthétiques a priori. Mais il se trompa très fort en cela, et cette erreur eut une influence fâcheuse sur toute sa conception. Car autrement il aurait porté sa question de l’origine de nos jugements synthétiques bien au-delà de sa notion métaphysique de la causalité et l’aurait étendu a priori jusqu’à la possibilité des mathématiques, puisqu’il devait considérer aussi les mathématiques comme ayant un caractère de synthèse. Mais alors il n’aurait pu fonder ses propositions métaphysiques sur la simple expérience, parce qu’autrement il aurait soumis à l’expérience les axiomes mêmes des mathématiques pures, ce qu’il n’aurait pas manqué de reconnaître impossible. La bonne compagnie où se serait alors trouvée la métaphysique l’aurait garantie du péril d’être indignement traitée, car les coups qui auraient été dirigés contre elle, seraient également tombés sur les mathématiques ; ce qui n’était cependant pas son opinion, et ce qui ne pouvait pas être. Mais alors cet esprit judicieux aurait fait des réflexions toutes pareilles à celles qui nous occupent maintenant, mais qui auraient reçu de son incomparable exposition une très grande force.

Les jugements métaphysiques proprement dits sont tous synthétiques. Il faut distinguer les jugements qui appartiennent à la métaphysique des jugements proprement métaphysiques. Les premiers comprennent un