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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


que l’absurdité ne fût pas évidente, le principe ne pouvait valoir des choses, mais des jugements seuls, et même des simples jugements analytiques. Par exemple, la proposition : « Tout corps est divisible » a certainement une raison, et même en soi, c’est-à-dire qu’il peut être regardé comme une conséquence du’prédicat déduit de la notion du sujet, suivant le principe de contradiction, par conséquent suivant le principe des jugements analytiques. Il est donc fondé uniquement sur un principe a priori de la logique, et n’avance en rien dans le champ de la métaphysique, où il s’agit de l’extension de la connaissance a priori, extension à laquelle ne contribuent point les jugements analytiques. Mais si le prétendu métaphysicien voulait introduire à côté du principe de contradiction le principe également logique de la raison suffisante, il n’aurait pas encore épuisé la modalité des jugements ; car il devrait encore ajouter le principe de l’exclusion d’un moyen entre deux jugements opposés entre eux contradictoirement, puisqu’alors il aurait établi les principes logiques de la possibilité, de la vérité ou de la réalité logique, et de la nécessité des jugements, suivant qu’ils sont problématiques, assertoriques et apodictiques. Mais alors ils sont tous soumis à un principe unique, celui des jugements analytiques. Cet oubli prouve que le métaphysicien n’était même pas en règle avec la logique, en ce qui regarde l’intégralité de la division.

Mais tandis que le principe de Leibniz touchant la différence logique de l’obscurité et de la clarté des