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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE

Le principe que toute connaissance ne commence pas seulement par l’expérience, principe qui regarde une question de fait, n’a donc que faire ici, et le fait doit être reconnu sans hésiter. Mais la question de savoir si la connaissance doit aussi se tirer de l’expérience seule, comme principe suprême de la connaissance, est une question de droit, dont la réponse affirmative introduirait l’empirisme dans la philosophie transcendantale, et la négative, le réalisme.

L’empirisme implique contradiction, car si toute connaissance est d’origine empirique, alors, malgré la réflexion et son principe logique, d’après le principe de contradiction, réflexion qui peut être fondée a priori dans l’entendement, et qu’on peut toujours accorder, l’élément synthétique de la connaissance, élément qui constitue l’essentiel de l’expérience, et tout empirique, n’est possible que comme connaissance a posteriori, et la philosophie transcendantale elle-même est un non-être.

Cependant comme on ne peut disconvenir que les propositions qui prescrivent à l’expérience possible les règles a priori, comme, par exemple, tout changement a sa cause, n’aient leur universalité et leur nécessité strictes, et qu’elles ne soient néanmoins synthétiques malgré tout cela ; l’empirisme qui donne toute cette unité synthétique de nos représentations dans la connaissance pour une simple affaire d’habitude, est parfaitement insoutenable ; une philosophie transcendantale est fermement établie dans notre raison, quoiqu’on la concevant comme négative d’elle-