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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


elles sont toutes analytiques et concernent plutôt les matériaux et les instruments de la métaphysique que l’extension de la connaissance, extension qui cependant doit être le but de la métaphysique (§ II. 3). Mais tout en montrant aussi des propositions synthétiques (v. g. le principe de la raison suffisante) que vous n’avez cependant jamais démontrées par la simple raison, ni par conséquent a priori, comme c’était votre devoir, mais que nous vous accordons néanmoins volontiers, vous êtes tombés en vous en servant pour votre fin principale, dans des assertions si insoutenables et si incertaines que de tout temps une métaphysique en a contredit une autre, soit par rapport aux assertions mêmes, ou à leurs preuves, et qu’elle s’est ainsi privée d’un assentiment durable. Et même les tentatives de constituer une pareille science ont été sans aucun doute la première cause du scepticisme qui s’est montré de si bonne heure, c’est-à-dire d’une façon de penser où la raison procède avec tant de force contre elle-même, que le fait n’eût jamais été possible sans le désespoir absolu de la raison d’atteindre ses fins les plus importantes. Car longtemps avant qu’il fût question d’interroger méthodiquement la nature, on s’adressait simplement à sa raison personnelle, déjà exercée jusqu’à un certain point par l’expérience commune, attendu que la raison est toujours là, mais que les lois de la nature ne peuvent en général être recherchées qu’avec peine. La métaphysique surnagea donc comme de l’écume, de telle sorte cependant que, l’écume qu’on avait produite venant à