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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


auquel nous n’avons pas de raison d’attribuer la faculté de se dire moi, et qui plonge par la pensée dans une infinité de représentations et de notions spontanées. Il n’y a cependant pas lieu pour cela d’admettre une double personnalité ; seulement le moi qui pense et « perçoit est la personne ; mais le moi de l’objet qui est perçu par moi est, comme d’autres objets hors de moi, la chose.

Tout ce que nous pouvons connaître du moi entendu dans le premier sens (du sujet de l’apperception), du moi logique, comme représentation a priori, c’est qu’il est un être, et quelle en est la nature ; c’est en quelque sorte comme le principe substantiel qui reste quand j’en ai séparé tous les accidents qui y adhèrent, mais qui ne peut absolument pas être plus approfondi, parce que les accidents étaient précisément ce en quoi je pouvais connaître sa nature.

Mais le moi, dans la seconde acception du mot (comme sujet de la perception), le moi psychologique comme conscience empirique, est capable de connaissances très diverses, entre lesquelles la forme de l’intuition interne, le temps, est celle qui sert de fondement a priori à toutes les perceptions et à leur liaison. L’appréhension (apprehensio) de cette liaison est conforme à la manière dont le sujet est affecté par là, c’est-à-dire à la condition du temps, puisque le moi sensible est destiné par le moi intellectuel à participer au temps dans la conscience.

Qu’il en soit ainsi, c’est ce que peut prouver et montrer en forme d’exemple toute observation interne, reconnue