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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.

Le second pas est d’avoir posé la question : Comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? Car qu’il y en ait de tels, c’est ce que prouvent un grand nombre d’exemples de la physique générale, mais surtout des mathématiques pures. Hume a déjà le mérite d’avoir indiqué un cas, celui de la loi de causalité, et d’avoir embarrassé par là tous les métaphysiciens. Que serait-il arrivé si lui ou quelque autre les eût indiqués en général ! Toute la métaphysique eût été mise de côté jusqu’à ce que la question eût été résolue.

Le troisième pas est la question : « Comment une connaissance a priori est-elle possible par jugements synthétiques ? » Une connaissance est un jugement dont sort une notion qui a une réalité objective, c’est-à-dire à laquelle un objet correspondant peut être donné dans l’expérience. Or toute expérience se compose de l’intuition d’un objet, c’est-à-dire d’une représentation immédiate et unique par laquelle l’objet est donné pour la connaissance, et d’une notion, c’est-à-dire d’une représentation immédiate par un caractère qui est commun à plusieurs objets, et qui par conséquent sert à penser l’objet. — L’une quelconque des deux espèces de représentations ne constitue par elle seule aucune connaissance, et il doit y avoir des connaissances synthétiques a priori : de sorte qu’il doit y avoir aussi des intuitions aussi bien que des notions a priori dont la possibilité doit d’abord être expliquée, et alors leur réalité objective doit être prouvée par leur usage nécessaire pour la possibilité de l’expérience.