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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


c’est vrai, mais qui ne valent que pour des objets de l’expérience ; et si l’acquisition présumée de connaissances infinies sur cette voie ne pouvait être confirmée par aucune expérience, parce qu’elle concerne le sursensible, elle ne pouvait pas non plus en être infirmée ; seulement on a dû faire attention de ne point se contredire dans ses jugements, ce qui peut très bien arriver, quoique ces jugements, et les notions qui s’y trouvent soumises, puissent être, du reste, absolument vides.

Cette marche des dogmatiques antérieurs à Platon et à Aristote, et qui comprend même l’époque d’un Leibniz et d’un Wolf, quoique pas bonne, est cependant la plus naturelle d’après le but de la raison et la persuasion illusoire que tout ce qu’entreprend la raison d’après l’analogie d’un procédé qui lui a réussi, doit lui succéder également.

Le second pas de la métaphysique, presque aussi ancien que l’autre, a été, au contraire, un pas en arrière, qui eût été sage et avantageux à la métaphysique, s’il n’eût pas dépassé le point de départ, mais non pas pour y rester avec la résolution de ne tenter aucun progrès à l’avenir, mais plutôt afin de se remettre en marche en prenant une autre direction.

Ce pas rétrograde, négation de tous projets ultérieurs, avait sa raison dans l’insuccès complet de toutes les tentatives faites en métaphysique. Mais à quoi pouvait-on reconnaître cet insuccès et ce qu’il y avait de malheureux dans ses grands projets ? Serait-ce que l’expérience les contredisait ? Point du tout ; car ce