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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.










L’Académie des sciences demande qu’on fasse connaître les progrès d’une partie de la philosophie, dans une partie de l’Europe savante, et pour une partie du siècle présent.

Le problème semble d’une solution facile, car ce n’est qu’une affaire d’histoire. Et de même que les progrès de l’astronomie et de la chimie, comme sciences empiriques, ont déjà trouvé leurs historiens, et que les progrès de l’analyse mathématique ou de la mécanique pure qui ont eu lieu dans le même pays et dans le même temps ne tarderont pas non plus, si l’on veut, à trouver les leurs ; il semble qu’il n’y a pas plus de difficulté pour la science dont il s’agit ici.

Mais cette science est la métaphysique, ce qui change tout à fait la situation. C’est une mer sans rivages, où le progrès ne laisse aucune trace, et dont l’horizon n’a pas de terme sensible à l’aide duquel on puisse déterminer l’étendue du chemin qu’on a fait pour en approcher. — Par rapport à cette science, qui n’a presque jamais été qu’en Idée, la question proposée est très difficile ; c’est presque à douter de la