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vérité des êtres entièrement différents, mais ces phénomènes mêmes comme simples formes de leur intuition, fondées sur la propriété du sujet (de l’âme), sont de pures représentations ; et alors se conçoit fort bien le commerce entre l’entendement et la sensibilité dans un même sujet, d’après certaines lois a priori, et en même temps la dépendance naturelle et nécessaire de la sensibilité à l’égard des choses extérieures, sans les livrer à l’idéalisme. La Critique a donné pour fondement de cette harmonie entre l’entendement et la sensibilité, en tant qu’elle rend possible la connaissance des lois naturelles universelles a priori, que sans la sensibilité aucune expérience n’est possible, que par conséquent les objets (étant en partie d’accord, d’après l’intuition, avec les conditions formelles de notre sensibilité d’une part, et d’autre part, d’après la liaison du divers, avec les principes de la coordination dans la conscience, comme condition de la possibilité d’une connaissance) ne seraient point du tout saisis par nous dans l’unité de la conscience, par conséquent ne seraient rien pour nous. Mais nous n’avons cependant pu dire pourquoi nous avons précisément cette espèce de sensibilité et cette nature intellectuelle, par l’union desquelles une expérience est possible, pas plus que nous n’avons pu donner la raison pour laquelle ces deux facultés, quoique sources parfaitement hétérogènes de connaissance, sont cependant d’un accord constant et parfait pour rendre possible une connaissance expérimentale en général, mais surtout (comme la Critique du jugement l’a fait remarquer) pour rendre