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car l’attention dirigée sur ce point convertirait inévitablement cette question de logique en une question transcendantale.

Ce n’était donc point une vaine subtilité, mais un pas de plus vers la connaissance réelle, que de faire connaître avant tout la différence des jugements qui ne reposent que sur le principe d’identité ou de contradiction d’avec ceux qui ont encore besoin d’un autre principe, par la dénomination de jugements analytiques, en opposition avec les jugements synthétiques. Car l’expression de synthèse montre clairement que quelque chose autre que la notion donnée comme substratum doit encore intervenir pour qu’il me soit possible de m’élever au-dessus de cette notion avec mes prédicats. Elle dirige par conséquent sa recherche de la possibilité d’une synthèse des représentations au profit de la connaissance en général, recherche qui doit bientôt aboutir à reconnaître comme conditions indispensables une intuition pour la connaissance, et une intuition pure pour la connaissance a priori. Cette direction n’eût pu être fournie par la dénomination de non identique donnée aux jugements synthétiques ; elle n’en peut pas non plus être la conséquence. Il suffit, pour s’en assurer, d’examiner les exemples produits jusqu’ici pour prouver que la distinction dont il s’agit est déjà toute comprise, quoique sous d’autres expressions, dans une philosophie connue. Le premier (cité par moi-même, mais seulement comme quelque chose de semblable à cela) est de Locke, qui fait consister les connaissances appelées par lui de