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l’attribut est seulement synthétique. Ni le nom d’un attribut ni le principe de la raison suffisante ne distinguent donc les jugements synthétiques des jugements analytiques ; mais si les premiers sont regardés comme des jugements a priori, on ne peut, d’après cette dénomination, dire autre chose sinon que leur prédicat a de quelque façon sa raison nécessaire dans l’essence de la notion du sujet, qu’il est par conséquent un attribut ; mais pas uniquement en conséquence du principe de contradiction. Mais d’où vient que, comme attribut synthétique, étant uni à la notion du sujet, il n’en peut cependant pas être tiré par l’analyse ? c’est ce qui ne peut se déduire ni de la notion d’attribut, ni du principe : qu’il y a de cela quelque raison ; la détermination de M. Eberhard est donc entièrement vaine. La Critique au contraire indique clairement cette raison de la possibilité, en disant que ce doit être l’intuition pure soumise à la notion du sujet, et cette intuition seule, qui permet d’unir un prédicat synthétique a priori à une notion.

Ce qui est ici décisif, c’est que la Logique ne peut absolument donner aucun éclaircissement sur la question : Comment les propositions synthétiques a priori sont-elles possibles ? Si elle voulait dire : dérivez de ce qui constitue l’essence de votre notion les prédicats suffisamment déterminés par là (qui sont alors des attributs), nous serions aussi avancés qu’auparavant. Comment dois-je commencer pour m’élever au-dessus de ma notion au moyen de cette notion même, et pour en dire plus qu’elle ne fournit à ma