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tement vides pour moi, parce que je ne puis jamais savoir si en général elles ont un objet correspondant.

Le lecteur, qui peut comparer maintenant ce qu’a dit ici M. Eberhard avec l’éloge qu’il fait (p. 316) de son exposition des jugements synthétiques, peut juger aussi lequel de nous deux met dans le commerce un verbiage sans consistance, au lieu d’une connaissance solide.

Le même caractère des jugements synthétiques se retrouve encore lorsqu’il dit (p. 316) « qu’ils ont pour attributs, dans les vérités éternelles, des attributs du sujet, dans les vérités temporaires des propriétés contingentes ou des rapports ; » après quoi il compare (p. 317) avec ce principe de division si fécond et si lumineux (p. 317) la notion que donne la Critique de ces mêmes jugements, à savoir que ce sont ceux dont le principe n’est pas le principe de contradiction ! « Mais quel est-il donc ? » demande malgré lui M. Eberhard ; à quoi il répond par sa découverte (qu’il prétend tirée des écrits de Leibniz), à savoir le principe de la raison suffisante, qui est par conséquent, avec le principe de contradiction (pivot des jugements analytiques), l’autre pivot de l’entendement humain, à savoir pour ses jugements synthétiques.

On voit maintenant, parce que j’ai reproduit en guise de résumé très succinct de la partie analytique de la critique de l’entendement, que cette critique expose le principe des jugements synthétiques en général, principe qui résulte nécessairement de leur définition, avec toute l’étendue désirable, à savoir : qu’ils ne sont pos-