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nir sans peine beaucoup de ces extensions illusoires de la science sans avoir besoin de l’intuition ; mais il en est tout autrement dès qu’on se propose l’accroissement de la connaissance de l’objet. C’est aussi une extension purement apparente de la connaissance que cette proposition : L’essence infinie (prise dans cette acception métaphysique) n’est pas en elle-même muable realiter, c’est-à-dire que ses déterminations ne s’y succèdent pas dans le temps (par la raison que son existence, comme simple noumène, ne peut se concevoir sans contradiction dans le temps) ; ce qui est également une proposition purement analytique, si l’on suppose les principes synthétiques d’espace et de temps, comme des intuitions formelles des choses, comme des phénomènes : car étant identique avec la proposition de la Critique : La notion de l’être souverainement réel n’est pas la notion d’un phénomène, et ne pouvant étendre, comme proposition synthétique, la connaissance de l’être infini, elle exclut plutôt de sa notion toute extension en la privant de l’intuition. — Il est encore à remarquer que M. Eberhard en posant les propositions ci-dessus, ajoute prudemment : « Si

    il s’agit de l’existence dans le temps) » Aussi, les élèves croient avoir appris par la quelque chose d’important et, de ce que les essences des choses sont immuables, rejettent sans autre examen l’opinion de quelques minéralogistes, suivant laquelle la silice se transformerait peu à peu en argile. Mais cette sentence métaphysique est une pauvre proposition identique, qui n’a rien à démêler absolument avec l’existence des choses et leurs changements possibles ou impossibles, mais qui appartient exclusivement à la logique, et qui prescrit quelque chose que personne ne peut avoir la pensée de nier sans cela, à savoir que si je veux maintenir la notion d’un seul et même objet, je n’y dois rien changer, c’est-à-dire que je ne dois pas en affirmer le contraire de ce que j’en pense par cette notion.