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qu’aux objets, en tant qu’ils peuvent être donnés en intuition. L’exemple métaphysique qu’il donne maintenant des propositions a priori, quoique avec cette restriction prudente (si la métaphysique prouve une telle proposition), à savoir, « toutes les choses finies sont muables et la chose infinie est immuable, » est dans les deux cas analytique. Car en réalité, c’est-à-dire quant à l’existence, est muable ce dont les déterminations peuvent se succéder dans le temps. Il n’y a par conséquent d’immuable que ce qui ne peut exister que dans le temps. Mais cette condition n’est pas nécessairement attachée à la notion d’une chose finie en général (qui n’a pas toute réalité) ; elle n’est liée qu’à une chose comme objet de l’intuition sensible. Or, puisque M. Eberhard entend affirmer ses propositions a priori comme si elles étaient indépendantes de cette dernière condition, sa proposition que : Tout le fini comme tel (c’est-à-dire par sa simple notion, par conséquent aussi comme noumène) est muable, est fausse. La proposition : Tout ce qui est fini est muable à ce titre, ne devrait donc être entendue que de la détermination de sa notion, par conséquent logiquement, puisque par muable on pense ce qui n’est pas constamment déterminé par sa notion, par conséquent ce qui peut être déterminé de toutes sortes de manières opposées. Mais alors la proposition : que des choses finies, c’est-à-dire toutes, à l’exception de celle qui est souverainement réelle (allerrealesten) sont muables logiquement (par rapport à la notion que l’on peut s’en faire), est une proposition analytique ; car il est indif-