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établies sur des preuves strictes, parce qu’elles posent en principe l’intuition a priori. Mais cette intuition, il ne peut absolument point la faire valoir comme condition essentielle de la possibilité de toutes les propositions synthétiques a priori, à moins de renoncer du coup à tout espoir d’étendre sa connaissance jusqu’à l’insensible, auquel ne correspond aucune intuition possible ; et alors c’en est fait de la culture des champs de la psychologie et de la théologie, qui cependant devaient être rendus si féconds. Si donc il n’est pas possible de rendre hommage à ses lumières, ou à l’intelligence, ou à la bonne volonté qu’il a mises à donner un éclaircissement en un point controversé, il faut cependant rendre cette justice à sa prudence, de n’avoir négligé aucun avantage, même ceux qui n’étaient qu’apparents.

Mais si comme par hasard M. Eberhard rencontre un exemple tiré de la métaphysique, il lui en arrive toujours malheur, à tel point même qu’il prouve tout juste le contraire de ce qu’il avait voulu établir. Il avait voulu prouver plus haut qu’il doit y avoir, outre le principe de contradiction, un autre principe encore, celui de la possibilité des choses ; et cependant il dit que ce second principe doit être déduit de celui de contradiction, comme il essaye de l’en déduire en effet. Maintenant il dit (p. 319) : « la proposition : Tout ce qui est nécessaire est éternel, toutes les vérités nécessaires sont des vérités éternelles, est évidemment une proposition synthétique ; et cependant elle peut être connue a priori. » Mais elle est évidem-