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aucune analyse (suivant le principe de la contradiction). La proposition : Toute substance est permanente est donc une proposition synthétique. Quand donc on dit d’une proposition : elle a pour prédicat un attribut du sujet, personne ne sait encore si elle est analytique ou synthétique ; il faut donc ajouter : elle contient un attribut synthétique , c’est-à-dire un prédicat nécessaire (quoique dérivé), par conséquent connaissable a priori, un prédicat en un jugement synthétique. Suivant M. Eberhard, les jugements synthétiques a priori peuvent donc être définis : des jugements qui énoncent des attributs synthétiques des choses. M. Eberhard se jette dans cette tautologie pour dire, si c’est possible, non seulement quelque chose de mieux et de plus déterminé sur la propriété des jugements synthétiques a priori, mais aussi pour montrer en même temps par leur définition leur principe général, qui sert à reconnaître leur possibilité ; ce que la Critique n’a pu faire qu’avec des peines infinies. Suivant lui (p. 315) : « Les jugements analytiques sont ceux dont le prédicat énonce l’essence, ou quelques parties essentielles du sujet ; tandis que les jugements synthétiques (p. 316), quand ils sont des vérités nécessaires, ont des attributs pour prédicats. » Il présentait par le mot attribut les jugements synthétiques comme des jugements a priori (à cause de la nécessité de leurs prédicats), mais aussi comme des jugements qui énoncent les rationata de l’essence, non l’essence même ou quelqu’une de ses parties ; il donne par conséquent le principe de la raison suffisante