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jugements analytiques, qui ne font autre chose que de représenter et d’énoncer clairement comme appartenant à la notion donnée ce qui y était déjà réellement conçu et contenu. — Le second point, à savoir qu’est-ce qu’un jugement a priori par opposition à un jugement empirique, ne souffre ici aucune difficulté, parce que c’est là une différence depuis très longtemps connue et nommée en logique, et qui ne se présente pas comme la première (du moins suivant M. Eberhard) sous un nouveau nom. Il n’est cependant pas inutile de remarquer ici, dans l’intérêt de M. Eberhard, qu’un prédicat qui est attribué à un sujet par une proposition a priori en est affirmé comme lui appartenant nécessairement (comme inséparable de la notion de ce sujet). On dit de ces prédicats qu’ils font partie de l’essence (de la possibilité interne de la notion, ad essentiam[1] pertinentia). Toutes les propositions qui ont une valeur a priori doivent donc en contenir de semblables. Les autres prédicats, qui sont séparables de la notion [du sujet] (sans qu’elle en souffre), s’appellent des caractères non essentiels (extraessentialia). Les premiers appartiennent donc à l’essence [de la notion] ou comme partie constitutive (ut constitutiva), ou comme y ayant leur raison et en découlant (ut rationata). Les premiers sont des parties essentielles (essentialia), qui par conséquent ne contiennent pas de prédicat susceptible d’être dérivé d’un

  1. Afin d’éviter dans ce mot jusqu’à l’ombre d’une définition en cercle, on peut employer, au lieu de l’expression ad essentiam, les mots suivant qui sont ici les équivalents : ad internam possibilitatem pertinentia.