Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’il est affecté de quelque chose (dans la sensation), c’est-à-dire sa capacité de recevoir une représentation, en conséquence de sa propriété subjective. Ce premier principe formel, par exemple, de la possibilité d’une intuition de l’espace, est seul inné, et avec la représentation de l’espace même. Toujours en effet il faut des impressions pour que l’intelligence ait la représentation d’un objet (représentation qui est toujours une action propre). Ainsi se forme l’intuition formelle qu’on nomme espace, comme représentation originairement acquise (de la forme des objets extérieurs en général), dont cependant le principe (comme simple réceptivité) est inné, et dont l’acquisition précède de beaucoup la notion déterminée de choses qui sont d’accord avec cette forme ; l’acquisition de celle-ci est acquisitio derivativa, puisqu’elle suppose déjà des notions transcendantales, universelles de l’entendement, notions qui ne sont pas non plus innées[1], mais acquises, et dont l’acquisitio, comme celle de l’espace, est également originaria, et ne suppose d’inné que les conditions subjectives de la spontanéité de la pensée (conformité avec l’unité de l’apperception). Nul ne peut hésiter sur la signification du principe de la possibilité d’une intuition sensible pure, si ce n’est celui qui a peut-être parcouru la Critique à l’aide d’un dictionnaire, mais qui ne l’a pas méditée.

Ce qui suit peut donner une idée du peu d’intelli-

  1. On pourra juger d’après cela dans quel sens Leibniz prend le mot inné, quand il l’emploie en parlant de certains éléments de la connaissance. Un traité d’Hissrnann dans le Mercure allemand, octobre 1777, peut faciliter cette tâche.