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mitives (ursprunglich), non comme innées dans leurs principes, se forge une qualitatem occultam. Mais s’il adopte une des deux explications précédentes, sa théorie se trouve comprise, ou totalement, ou en partie dans celle de Leibniz. » Puis (p.378) il demande un renseignement sur cette forme des phénomènes, « qu’elle soit, dit-il, polie ou raboteuse. » C’est surtout de ce dernier ton qu’il parle dans ce paragraphe. Je m’en tiens au premier, le seul qui convienne à des raisons victorieuses.

La Critique n’admet absolument point de représentations innées ; elle les considère toutes, qu’elles se rapportent à l’intuition ou aux notions intellectuelles, comme acquises. Mais il y a aussi une acquisition primitive (comme disent les professeurs de droit naturel), par conséquent aussi de ce qui n’existait pas encore auparavant, par conséquent de ce qui n’a fait partie d’aucune chose avant cette action. Telle est, comme le dit la Critique, premièrement la forme des choses dans l’espace et dans le temps, secondement l’unité synthétique du divers dans les notions ; car ni l’une ni l’autre de ces deux choses n’est tirée des objets, qui ne les contiennent point, par notre faculté de connaître ; elles en sont au contraire produites a priori. Mais il doit cependant y avoir dans le sujet une raison qui fait que les représentations pensées se forment ainsi et pas autrement, et peuvent en outre se rapporter à des objets qui ne sont pas encore donnés, et cette raison du moins est innée. Comme M. Eberhard remarque lui-même que pour avoir le droit d’user du mot implanté (incréè, anerschaffen), il faut supposer l’existence de Dieu