Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sion inséparable d’une telle intuition collective ; — ou bien elle n’est pas intellectuelle, et nous n’entendons par là que la manière dont nous sommes affectés par un objet tout à fait inconnu en soi, et alors la sensibilité consiste si peu dans la confusion que l’intuition aurait plutôt le plus haut degré de clarté, et, en tant que des parties simples s’y trouvent, gagner proportionnellement en distinction et en clarté ; mais il n’y aurait jamais autre chose absolument que de simples phénomènes. Mais les deux choses ne peuvent être conçues ensemble dans une seule et même notion de la sensibilité. Par conséquent la sensibilité, telle que M. Eberhard en attribue la notion à Leibniz, se distingue de la connaissance intellectuelle ou par la simple forme logique (la confusion), tandis que, quant à la matière, elle ne contient que de pures représentations intellectuelles des choses en soi ; ou bien elle s’en distingue aussi d’une manière transcendantale, c’est-à-dire quant à l’origine et à la matière, puisqu’elle ne tient pas de la qualité des objets en soi, mais ne comprend que la manière dont le sujet est affecté, quelle qu’en soit du reste la clarté. Le dernier cas est celui de l’affirmation de la Critique, à laquelle on ne peut opposer la première opinion sans faire consister la sensibilité dans la seule confusion des représentations, confusion qui affecterait l’intuition donnée.

On ne saurait mieux exposer que le fait sans le vouloir M. Eberhard, la différence infinie entre la théorie de la sensibilité, comme mode particulier d’intuition, qui a sa forme déterminable a priori suivant des