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Critique à la philosophie de Leibniz, en disant (p. 303), qu’il fait consister la raison subjective des phénomènes, comme représentations confuses, dans l’impuissance de distinguer tous les caractères (représentations partielles de l’intuition sensible) ; et (p. 377) blâmant la Critique de ne pas avoir donné cette raison, il ajoute : il consiste dans les bornes du sujet. En dehors de ces raisons subjectives de la forme logique de l’intuition, il y a aussi des raisons objectives ; c’est ce qu’affirme la Critique ; et en cela elle ne contredit pas Leibniz. Mais que si ces raisons objectives (les éléments simples) sont comme parties dans les phénomènes mêmes, et ne sont pas perçus comme tels, à cause tout simplement de la confusion, mais qu’ils ne puissent qu’y être démontrés, qu’ils doivent s’appeler intuitions sensibles, et cependant pas simplement sensibles, mais qu’elles doivent aussi et par cette dernière raison, s’appeler intellectuelles, c’est évidemment une contradiction, et la notion leibnizienne de la sensibilité et des phénomènes est inexplicable. M. Eberhard a donc donné une interprétation tout à fait fausse de l’opinion de Leibniz, ou cette opinion doit être rejetée sans hésiter. De deux choses l’une : ou l’intuition est quant à l’objet entièrement intellectuelle, c’est-à-dire que nous percevons les choses comme elles sont en elles-mêmes, et alors la sensibilité ne consiste que dans la confu-

    trouver une faute dans la philosophie de Platon ou de Leibniz, il serait ridicule de prétendre qu’il ne doit rien avoir à blâmer dans Leibniz. En effet, personne ne peut ni ne doit apprendre de Leibniz ce qui est philosophiquement juste ; la pierre de touche qui est à la portée de chacun est la commune raison humaine et il n’y a pas d’auteur classique en philosophie.