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qu’il définit (p. 295) l’entendement la « faculté de la connaissance claire. » — La différence de son intuition non sensible d’avec la sensible consiste donc en ce que les parties simples du temps et de l’espace concrets sont représentées d’une manière confuse dans l’intuition sensible, et qu’elles le sont clairement dans l’intuition non sensible. De cette manière se trouve naturellement rempli le vœu de la Critique par rapport à la réalité objective de la notion de l’être simple, puisqu’à cette notion est donnée une intuition correspondante (seulement elle n’est pas sensible).

C’était donc monter pour tomber d’autant plus bas, car si ces êtres simples étaient subrepticement introduits dans l’intuition même, alors leurs représentations étaient établies comme contenues dans l’intuition empirique, et l’intuition restait en elles ce qu’elle était par rapport au tout, c’est-à-dire sensible. La conscience d’une représentation n’en fait pas une différence dans la propriété spécifique ; car elle peut se rencontrer dans toutes les représentations. La conscience d’une intuition empirique s’appelle perception. De ce que ces prétendues parties simples ne sont pas perçues, elles ne perdent point du tout leur qualité de choses absolument susceptibles d’intuition, par exemple si nos sens étaient assez perçants, ou notre imagination assez puissante, pour percevoir en elles, par suite de la clarté de cette représentation[1], quelque chose de non sensible [dans l’état présent]. Le lec-

  1. Car il y a aussi une clarté dans l’intuition, par conséquent aussi dans la représentation de l’individuel et non simplement des choses dans