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l’usage ne sort pas de la sphère de l’expérience possible, parce que ces règles sont précisément abstraites de l’usage de l’entendement en matière expérimentale, où est donnée une intuition sensible qui correspond aux catégories. – Pour qu’il y eût ascension réelle véritable, c’est-à-dire à un autre genre d’êtres que ceux qui peuvent en général être donnés aux sens, même aux plus parfaits, il faudrait une autre espèce d’intuition, que nous avons appelée intellectuelle (parce que ce qui appartient à la connaissance et qui n’est pas sensible, ne peut avoir un autre nom ni une autre signification), intuition pour laquelle non seulement nous n’aurions plus besoin des catégories, mais qui, grâce à cette propriété, ne ferait plus aucun usage de l’entendement. Qui pourrait nous inspirer un pareil entendement intuitif, ou, s’il est en nous à l’état latent, qui pourrait nous le faire connaître ?

Pour cela, M. Eberhard possède encore un moyen. Car « il y a (p. 280-281) aussi des intuitions qui ne sont pas sensibles (mais qui ne sont pas non plus des intuitions de l’entendement), une autre intuition que la sensible dans l’espace et le temps. — Les premiers éléments du temps concret et les premiers éléments de l’espace concret ne sont plus des phénomènes (objets de l’intuition sensible). » Ils sont donc les vraies choses, les choses en soi. Cette intuition non sensible, il la distingue de la sensible (p. 299), « en ce qu’elle est celle dans laquelle quelque chose est représenté, confusément ou obscurément par les sens, » tandis