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De quoi doit-on douter chez M. Eberhard, de l’intelligence. ou de l’équité ?

Nous ne pouvons donner ici que quelques échantillons de tout son peu de compréhension du vrai sens de la Critique, et du peu de solidité de ce qu’il prétend pouvoir mettre à la place de cet ouvrage, en faveur d’un meilleur système ; car l’adversaire même le plus résolu de M. Eberhard se lasserait à rechercher quelque unité dans ses objections, et à vouloir trouver quelque enchaînement logique ou un accord entre ses antithèses.

Après s’être demandé (p. 275) : « Qui (qu’est-ce qui) donne à la sensibilité sa matière, à savoir les sensations ? » il croit avoir démonté la Critique, puisqu’il dit (p. 276) : « Nous pouvons choisir ce que nous voudrons, — nous arrivons toujours aux choses en soi. » Or c’est précisément l’affirmation constante de la Critique ; avec cette différence seulement qu’elle place ce principe de la matière des représentations sensibles non plus dans des choses, comme objets des sens, mais dans quelque chose de sursensible qui leur sert de fondement et dont nous ne pouvons avoir aucune connaissance. Elle dit : Les objets, comme choses en soi, donnent la matière des intuitions empiriques (elles contiennent le principe déterminant de la faculté représentative, conformément à la sensibilité), mais elles n’en sont pas la matière.

Là-dessus on demande comment alors l’entendement travaille cette matière (qu’elle vienne d’où que ce soit). La Critique prouve dans la Logique trans-