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Je ne m’arrêterais pas longtemps à une chose si claire si elle n’emportait avec soi une preuve incontestable que M. Eberhard n’a pas le moins du monde entendu le sens de la Critique dans la distinction du sensible et du non sensible, ou, s’il l’aime mieux, qu’il a mal entendu cette différence.

C.

Méthode pour passer du sensible au non sensible, suivant M. Eberhard.

La conséquence des preuves précédentes, surtout de la dernière, est, d’après M. Eberhard, celle-ci (p. 262 ) : « La vérité serait donc que l’espace et le temps ont en même temps des raisons objectives et subjectives, ce qui aurait été prouvé apodictiquement. Il serait prouvé que leurs derniers principes objectifs sont des choses en soi. » Tout lecteur de la Critique avouera que ce sont là mes propres assertions, et que M. Eberhard avec ses preuves apodictiques (on peut voir par ce qui précède comment elles le sont) n’a donc rien affirmé contre la Critique, mais que ces raisons objectives, à savoir les choses en soi ne doivent être cherchées ni dans l’espace ni dans le temps, mais bien dans ce que la Critique appelle leur substratum externe ou sursensible (noumène). C’est là de ma part l’assertion dont M. Eberhard entendait prouver la contre-partie ; ce qu’il n’a jamais fait nettement, pas même ici dans la conclusion.

Il dit (p.258, no 3 et 4) : « L’espace et le temps ont, indépendamment des principes subjectifs, des