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intuition, ne peut correspondre à leur notion ; mais alors on ne peut pas non plus les compter comme parties du sensible. Si cependant (contre toutes les preuves des mathématiques) on le fait, il s’ensuit qu’aucune image ne leur correspond, mais pas du tout que leur représentation soit quelque chose de sursensible, car elle est une sensation simple, par conséquent un élément de la sensibilité, et l’entendement ne s’élève pas plus par là au-dessus de la sensibilité que s’il les avait conçus composés. En effet, la dernière notion n’est que la négation de la première, et l’une et l’autre sont également des notions intellectuelles. Il ne se serait élevé au-dessus de la sensibilité qu’autant qu’il aurait tout à fait banni le simple de l’intuition sensible et de ses objets, et qu’avec la divisibilité de la matière à l’infini (comme les mathématiques l’exigent) il eût ouvert une échappée de vue sur le monde en petit ; mais il aurait précisément conclu de l’insuffisance de ce principe d’explication interne du composé sensible (auquel manque la complète division, à cause de l’absence totale du simple) à quelque chose en dehors du champ complet de l’intuition sensible, qui n’est par conséquent pas conçu comme une partie de cette intuition, mais comme sa raison à nous inconnue, et qui ne se trouve qu’en Idée. Mais alors aurait eu lieu inévitablement l’aveu qui répugne si fort à M. Eberhard, qu’on ne peut avoir la moindre connaissance de ce simple insensible.

Pour échapper à cet aveu, il a fallu introduire dans la prétendue preuve une rare équivoque. Le passage