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présentée par le mot mais, comme une simple conti­nuation dans l’enchaînement des raisonnements pour arriver à la conclusion de la première. Et cependant si l’on fait abstraction du mot mais, on a une preuve qui se suffit. Comme donc elle a plus besoin, pour trouver une contradiction dans la proposition que quelque chose est sans principe, que la première, qui la trouve immédiatement dans ce principe même, elle doit au contraire ajouter encore la proposition qu’alors aussi le contraire de cette chose serait sans raison, pour en faire sortir une contradiction ; ce qui est un tout autre procédé que la preuve de Baumgarten, qui ne devait cependant n’en être qu’une partie.

Troisièmement, le nouveau tour que M. Eberhard a voulu donner à sa preuve (p. 161) est très malheu­reux ; car le raisonnement rationnel qu’elle affecte marche sur quatre pieds. — Il revient à la forme syllogistique suivante :

Un vent qui souffle sans raison vers l’est pouvait aussi bien (au lieu de cela) souffler vers l’ouest ;

Or le vent souffle (comme l’adversaire du principe de la raison suffisante le prétend) sans raison vert l’est.

Il peut donc en même temps souffler vers l’est et vers l’ouest (ce qui est contradictoire). Il est clair que c’est avec pleine raison que j’ai intercalé dans la ma­jeure les mots : au lieu de cela ; car si l’on n’avait pas dans la pensée cette restriction, personne n’ac­corderait la majeure. Si quelqu’un aventure une cer-