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aller à l’ouest qu’à l’est ; le même air pourrait donc se mouvoir en même temps suivant deux directions op­posées, à l’est et à l’ouest, et par conséquent à l’est et pas à l’est ; c’est-à-dire qu’il pourrait en même temps être et n’être pas quelque chose ; ce qui répu­gne et n’est pas possible. »

Cette preuve par laquelle le philosophe doit se mon­trer encore plus complaisant en fait de solidité, que le mathématicien lui-même, a toutes les qualités qu’une preuve doit avoir pour servir à montrer en logique — comment on ne doit pas prouver. — En effet, pre­mièrement la proposition à démontrer est énoncée d’une manière équivoque, en sorte qu’on peut en faire un principe logique, ou un principe transcendantal, par la raison que le mot tout peut signifier chaque juge­ment que nous portons comme proposition sur quoi que ce soit, ou bien encore chaque chose. Dans le pre­mier cas (où la proposition doit signifier : toute pro­position a sa raison), elle est non seulement vraie d’une vérité universelle, mais elle est aussi la conséquence immédiate du principe de contradiction ; il faudrait une tout autre preuve si par le mot tout on entendait cha­que chose.

Secondement, la preuve manque d’unité. Elle se compose de deux preuves. La première est la preuve connue de Baumgarten, qui ne satisfera plus personne aujourd’hui, qui finit tout à fait à l’endroit où j’ai mis un tiret, excepté qu’il manque la conclusion (ce qui répugne), mais que chacun peut ajouter par la pensée. Suit immédiatement une autre preuve, qui est