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le principe transcendantal (matériel) que personne n’a jamais prouvé et ne prouvera jamais par le principe de contradiction (et en général par simples notions, sans rapport à une intuition sensible). On a même dit assez clairement et répété à l’infini dans la Critique qu’un principe transcendantal doit déterminer quelque chose a priori sur les objets et sur leur possibilité, et qu’en conséquence, différant en cela des principes logiques (qui font entièrement abstraction de tout ce qui regarde la possibilité de l’objet), il ne concerne pas les simples conditions formelles des jugements. Mais M. Eberhard a voulu (p. 163) subordonner son principe à la formule : Tout a une raison ; et comme il a voulu faire passer (ainsi qu’on le voit par l’exemple qu’il rapporte) le principe de causalité, matériel en fait, à l’aide du principe de contradiction, il se sert du mot tout, et se garde bien de dire chaque chose, parce qu’il eût été trop évident que ce n’est pas un principe formel et logique de la connaissance, mais bien un principe matériel et transcendantal, qui déjà peut avoir sa place en logique (comme tout principe qui repose sur le principe de contradiction).


    (antecedens), constitue seule la proposition. Le jugement : Quelques corps sont simples peut toujours être contradictoire, mais il peut néanmoins être établi pour voir ce qui s’ensuivrait s’il était énoncé comme assertion, c’est-à-dire comme proposition. Le jugement assertorique : Tout corps est divisible, dit plus que le simple jugement problématique (où l’on conçoit que tout corps soit divisible, etc.) ; et se trouve soumis au principe logique universel des propositions, à savoir que chaque proposition doit être fondée (et n’être pas un simple jugement possible), ce qui résulte du principe de contradiction ; parce que autrement ce ne serait pas une proposition.