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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE

Or, pour rattacher mon apologie à l’intérêt de la philosophie même, je propose un examen décisif sur la manière dont toutes les questions métaphysiques ayant un objet commun doivent être décidées. Ce n’est là d’ailleurs que ce qu’ont fait avec succès les mathématiciens pour donner à leur méthode l’avantage dans une discussion, c’est-à-dire une invitation faite à mon censeur de démontrer à sa manière, mais comme il est de droit, par des principes a priori, quelque proposition vraiment métaphysique affirmée par lui, c’est-à-dire une proposition synthétique et procédant de notions a priori, ou bien encore une des propositions les plus indispensables, telle, par exemple, que le principe de la permanence de la substance, ou de la détermination nécessaire des événements cosmiques par leur cause. S’il ne le peut pas (en quoi le silence est un aveu), il faut qu’il accorde que, si la métaphysique n’est absolument rien sans une certitude apodictique des propositions de cette espèce, sa possibilité ou son impossibilité doit être décidée d’abord par une critique de la raison pure, ce qui l’oblige par conséquent, ou à reconnaître que mes principes de la Critique sont justes, ou à prouver qu’ils ne le sont pas. Mais comme je prévois que, si peu soucieux qu’il ait été jusqu’ici de la certitude de ses principes, cependant, comme il s’agit d’une épreuve rigoureuse, il n’en trouvera pas un seul dans le domaine entier de la métaphysique avec lequel il puisse marcher hardiment, je veux bien lui faire cette condition généreuse, qu’on ne peut attendre que dans une discussion, à savoir de prendre pour moi l’onus probandi, et de s’en exonérer.