Le critique parle cependant comme un homme qui doit se croire des connaissances importantes, supérieures, mais qu’il tient encore en réserve ; car je ne connais rien de nouveau en métaphysique qui puisse justifier un pareil ton. En quoi il a grand tort, puisqu’il prive le monde de ses découvertes. Car il n’est pas douteux que beaucoup d’autres ainsi que moi, n’ont cependant pas su trouver, malgré tout ce qui a été publié de beau depuis longtemps déjà dans cette partie, que la science ait par là fait le moindre progrès. Le monde peut bien ne pas trouver mauvais qu’on aiguise des définitions, qu’on donne des béquilles à des preuves boiteuses, qu’on ajoute aux centous de la métaphysique de nouvelles pièces, ou qu’on en renouvelle la forme, mais il ne le demande pas. Il est rassasié d’assertions métaphysiques : on veut la possibilité de cette science, les sources d’où la certitude en peut être dérivée, et des critères qui permettent de distinguer avec certitude l’apparence dialectique de la raison pure d’avec la vérité. Le critique doit posséder la clef de tout cela, autrement il n’aurait jamais pris un ton si haut.
Mais je soupçonne que le besoin de la science ne lui est peut-être jamais venu dans la pensée, car autre-
ne s’agit pas là du somnio objective sumpto de la philosophie de Wolf, qui est purement formel, et où l’on ne considère point la différence du sommeil et de la veille, différence qui ne peut pas même être l’objet d’une étude dans une philosophie transcendantale. Du reste, il dit de ma déduction des catégories et de la table des principes intellectuels, que ce sont « des principes connus de logique et d’ontologie, exprimés en langage idéaliste. » Le lecteur n’a qu’à voir là-dessus ces prolégomènes pour être assuré qu’on ne pouvait porter un jugement plus pitoyable et même plus faux historiquement.