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absolument de sortir de ce conflit de la raison avec elle-même, tant qu’on prend les objets du monde sensible pour des choses en soi, et non pour ce qu’ils sont en réalité, c’est-à-dire pour de simples phénomènes, le lecteur se trouvera par là contraint d’entreprendre enfin la déduction de toute notre connaissance a priori et l’examen que nous en avons fait, afin d’arriver ainsi à une solution. Je ne demande pas davantage pour le moment ; car s’il s’applique bien seulement à pénétrer profondément dans la nature de la raison pure, les notions à l’aide desquelles seules la solution de l’antinomie de la raison est possible, lui seront déjà familières ; ce n’est qu’à cette condition que je puis espérer le plein assentiment du lecteur le plus attentif.


§ LV.

III. — IDÉE THÉOLOGIQUE
(Critique, t. II, p. 194).

La troisième Idée transcendantale qui donne matière à l’usage le plus important de la raison, mais, s’il est purement spéculatif, à un usage excessif (transcendant) et par là même dialectique, est l’Idéal de la raison pure. La raison ne part pas ici, comme dans l’Idée psychologique et la cosmologique, de l’expérience, et n’est pas conduite à s’élever autant que possible par la gradation des principes à l’intégralité absolue de leur série ; elle procède au contraire d’une manière immédiate, et part des pures notions de ce qui constituerait en général l’intégralité absolue, descend