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§ LIIb.

On peut divaguer de bien des manières en métaphysique sans même appréhender d’être surpris dans l’erreur. Pourvu en effet qu’on ne se contredise pas, ce qui est très possible dans les propositions synthétiques, quoique entièrement imaginaires, nous ne pouvons jamais être contredits par l’expérience dans tous les cas où les notions que nous lions sont de pures idées qui ne peuvent absolument pas être données quant à leur entier contenu) dans l’expérience. Comment en effet décider par expérience si le monde est éternel ou s’il a un commencement ; si la matière est divisible à l’infini ou si elle est composée de parties simples ? De pareilles notions sont en dehors de l’expérience, même de la plus étendue, et la fausseté du pour ou du contre ne peut se découvrir par cette pierre de touche.

Le seul cas possible où la raison découvrirait malgré elle la dialectique secrète qu’elle donne faussement pour dogmatique, serait celui où elle assoierait une assertion sur un principe universel, et où d’un autre principe aussi bien fondé résulterait de la manière la plus rigoureuse tout le contraire. Or c’est ici le cas, et même par rapport aux quatre Idées naturelles de la raison, d’où résultent d’un côté quatre assertions, et d’un autre côté quatre propositions diamétralement opposées aux précédentes, et chacune déduite avec une conséquence rigoureuse de principes recon-