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dehors de la perception la réalité de ces objets extérieurs à nous.


§ L.

II. — IDÉES COSMOLOGIQUES
(Critique, t. II, p. 67).

Ce produit de la raison pure dans son usage transcendant en est le phénomène le plus digne de remarque, celui qui, aussi, tend avec le plus de force à faire sortir la philosophie de sa torpeur dogmatique, et à la porter à l’œuvre difficile de la critique de la raison même.

J’appelle cette Idée cosmologique parce qu’elle ne prend son objet que dans le monde sensible, et qu’elle n’a besoin d’aucune autre que de celle dont l’objet tombe sous les sens, en tant par conséquent qu’il est immanent et non transcendant, et n’est point jusque-là, par le fait, une idée. Au contraire, concevoir l’âme comme une substance simple, c’est dire déjà qu’on la conçoit comme un objet (le simple), tel que les sens n’en peuvent pas saisir. Malgré cela l’Idée cosmologique étend si loin la liaison du conditionné avec sa condition (qui peut être mathématique ou dynamique) que l’expérience ne peut jamais l’égaler, et qu’à ce point de vue c’est toujours une Idée, dont l’objet ne peut jamais être donné d’une manière adéquate dans une expérience quelconque.