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un malentendu très naturel, est l’occasion d’un argument fort spécieux qui conclut de cette prétendue connaissance du substantiel de notre être pensant, sa nature, en tant que sa connaissance dépasse entièrement l’ensemble de l’expérience.


§ XLVII.

Ce Même pensant (l’âme), comme dernier sujet de la pensée, qui ne peut même pas être représenté comme étant à son tour le prédicat d’une autre chose, peut donc s’appeler substance ; mais cette notion n’en est pas moins entièrement vide, sans aucune conséquence possible, si l’on en peut démontrer la permanence comme ce qui féconde expérimentalement la notion de substance.

Or la permanence ne peut jamais être déduite de la notion d’une substance comme chose en soi, mais seulement en faveur de l’expérience. C’est ce qui a été suffisamment prouvé dans la première analogie de l’expérience (Critique, p. 122), et si l’on ne veut pas se rendre à cette preuve, on n’a qu’à voir si l’on réussira dans la tentative de prouver par la notion d’un sujet qui lui-même n’existe pas comme prédicat d’une autre chose, que son existence est absolument permanente, et qu’il ne peut subsister ou périr ni par soi-même ni par quelque autre cause naturelle. Ces propositions synthétiques a priori ne peuvent jamais être prouvées en elles-mêmes, mais uniquement par rapport aux choses, comme objet d’une expérience possible.