Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfin ces fonctions du jugement à des objets en général, ou plutôt à la condition propre à donner aux jugements une valeur objective, et de là sortirent des notions intellectuelles pures, au sujet desquelles je ne pouvais douter qu’elles ne fussent celles-là mêmes, celles-là seules, et toutes celles-là, sans plus ni moins, qui constituent toute notre connaissance des choses par pur entendement. Ainsi que j’en avais le droit, je les appelai, de leur ancien nom, catégories, me proposant par là d’en déduire complétement toutes les notions qui en découlent, soit par leur liaison ou avec la forme pure du phénomène (espace et temps), ou avec leur matière, en tant qu’elle n’est pas encore déterminée empiriquement (objet de la sensation en général), de leur donner le nom de prédicables, et de constituer ainsi un système de philosophie transcendantale en vue duquel je n’avais à m’occuper que de la critique de la raison pure elle-même.

Mais le côté essentiel par lequel ce système des catégories se distingue de toute l’ancienne rhapsodie exécutée sans principe, et qui lui mérite seul un rang dans la philosophie, consiste en ce que par elles la véritable signification des notions intellectuelles pures et la condition de leur usage peuvent être déterminées avec précision. Car on voyait bien qu’elles ne sont par elles-mêmes que des fonctions logiques, mais qui comme telles ne donnent pas la moindre notion d’un objet en soi, qu’elles ont besoin d’une intuition sensible, et qu’à cette condition seule elles peuvent servir à donner des jugements empiriques, qui, au-