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jamais. Telle est aussi la raison pour laquelle de jeunes penseurs se passionnent pour la métaphysique d’une manière toute dogmatique, et lui consacrent souvent leur temps et des talents d’ailleurs précieux.

Mais il ne peut servir à rien de vouloir modérer ces tentatives infructueuses de la raison pure en rappelant sur tous les tons la difficulté de la solution de questions si profondément obscures sur les limites de notre raison, et de nous ramener des assertions à de simples présomptions. En effet si l’impossibilité n’en est pas clairement établie, et si la connaissance de la raison par la raison ne devient pas une vraie science où le champ de son usage légitime soit distingué avec une certitude pour ainsi dire géométrique du champ de son usage vain et stérile, ces efforts impuissants ne seront jamais abandonnés.


§ XXXVII.

Comment une nature même est-elle possible ?

Cette question, qui est le point le plus élevé que la philosophie transcendantale puisse jamais atteindre, et auquel elle doit aussi être conduite comme à ses limites et à son achèvement, en contient proprement deux.

Premièrement : Comment une nature, dans le sens matériel, c’est-à-dire quant à l’intuition, comme ensemble des phénomènes, comment l’espace, le temps et ce qui les remplit, l’objet de la sensation ; comment tout cela en général est-il possible ? Réponse : par le