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ne sachions pas ce qu’elle est, mais que nous n’en connaissions que le phénomène, c’est-à-dire la manière dont nos sens sont affectés par ce quelque chose d’inconnu. L’entendement donc, par cela qu’il admet des phénomènes, reconnaît également l’existence de choses en soi, et à ce titre on peut dire que la représentation d’êtres qui sont la base des phénomènes, d’êtres purement intellectuels par conséquent, est non seulement légitime, mais encore inévitable.

Notre déduction critique n’exclut point de pareilles choses (noumena), mais elle restreint plutôt les principes de l’esthétique à ce point, de ne pas s’étendre à tout, ce qui convertirait toute chose en simple phénomène, mais de n’avoir de valeur légitime que pour des objets d’une expérience possible. Les êtres intelligibles sont donc reconnus, mais avec la restriction expresse, et qui ne souffre pas d’exception, que nous ne savons absolument rien de positif de ces êtres intelligibles purs, que nous n’en pouvons rien savoir, parce que nos concepts intellectuels purs, ainsi que nos intuitions pures, ne se rapportent qu’aux objets de l’expérience possible, aux seuls êtres sensibles par conséquent, et qu’aussitôt qu’on en sort, ces notions n’ont plus la moindre valeur.


§ XXXIV.

Il y a quelque chose de captieux dans nos notions intellectuelles pures en ce qui regarde le penchant à un usage transcendantal ; car j’appelle ainsi celui qui dépasse toute expérience possible. De ce que nos no-