Page:Kant - La religion dans les limites de la raison, trad Tremesaygues, 1913.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PREMIÈRE SECTION

DU DROIT DU BON PRINCIPE À LA DOMINATION SUR L’HOMME


a) Idée personnifiée du bon principe.


La seule chose qui puisse faire d’un monde l’objet du décret divin et la fin de la création, c’est l’humanité (l’essence rationnelle du monde en général) dans toute sa perfection morale, perfection à laquelle, comme à sa condition suprême, la félicité est liée, comme conséquence immédiate, dans la volonté du Très-Haut. ― Cet homme, le seul agréable à Dieu, « est en Dieu de toute éternité » ; l’idée en émane de son être ; il n’est pas, à ce titre une chose créée, mais le Fils unique de Dieu ; « le Verbe (le fiat) par lequel ont été créées toutes choses, et sans lequel rien de ce qui a été fait n’existerait, » (car c’est pour lui, c’est-à-dire pour l’essence rationnelle dans le monde, comme on peut le penser d’après sa destination morale, que toutes les choses ont été, faites). — « Il est le reflet de sa magnificence. » — « En lui Dieu a aimé le monde », et c’est eu lui seulement, et par l’adoption de ses intentions, que nous pouvons avoir l’espoir « de devenir enfants de Dieu ; » etc.

Nous élever vers cet idéal de la perfection morale, c’est-à-dire vers ce prototype de l’intention morale dans toute sa pureté, c’est notre devoir universel, à nous autres hommes, et même cette idée, qui nous est fournie comme un but à