Page:Kant - La religion dans les limites de la raison, trad Tremesaygues, 1913.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
LA LUTTE DU BON PRINCIPE AVEC LE MAUVAIS

diviser en deux sections l’examen du sujet qui nous occupe (diese ganze Betrachfung).


    ter le bien moral distinct du mal moral, non point comme le ciel est distinct de la terre, mais comme le ciel est distinct de l’enfer ; cette représentation, quoique figurée et, comme telle, révoltante, n’en est pas moins, dans le sens qu’elle a, philosophiquement juste, exacte. ― Elle empêche, en effet, de se représenter le bien et le mal, le royaume de la lumière et le royaume des ténèbres, comme étant voisins l’un de l’autre et se confondant l’un dans l’autre par degrés successifs de plus ou moins grande clarté), et les fait concevoir comme séparés l’un de l’autre par un abîme incommensurable. Le caractère entièrement hétérogène des principes qui peuvent nous faire sujets de l’un ou de l’autre de ces deux royaumes, et aussi le danger lié à l’imagination d’une parenté proche entre les propriétés qui qualifient l’homme pour être sujet de l’un ou de l’autre, justifient ce mode de représentation qui, malgré ce qu’il a d’horrible, est cependant sublime.