Page:Kant - La religion dans les limites de la raison, trad Tremesaygues, 1913.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
LA LUTTE DU BON PRINCIPE AVEC LE MAUVAIS

Lui le prince de ce monde ainsi n’avait aucune part ». Cet événement mettait en péril la domination du mauvais principe. Car, cet homme agréable à Dieu venant à résister aux tentations du démon et à rejeter ce contrat, d’autres hommes après lui suivant les mêmes sentiments, c’étaient pour le mauvais esprit tout autant de sujets perdus et son règne courait le risque d’être détruit entièrement. Satan offrit donc à cet homme de le faire son feudataire commandant à tout son royaume pourvu qu’il consentit à lui en rendre hommage comme au suzerain véritable. Cette tentative ayant échoué il enleva d’abord à cet étranger venu dans ses terres tout ce qui aurait pu lui rendre la vie agréable ici-bas (le réduisant à la plus grande pauvreté), et puis, non content de cela, il suscita contre cet homme toutes les persécutions par lesquelles les méchants peuvent rendre amère cette vie, tortures que l’homme de bien est seul à ressentir dans le fond de son âme, calomnies qui s’attaquent à l’intention pure de ses doctrines (pour lui enlever tout crédit), et il le poursuivit jusques à la mort la plus ignominieuse, sans pouvoir toutefois réussir à lui enlever si peu que ce soit de sa fermeté et de sa franchise dans ses leçons et ses exemples qui visaient à la perfection de gens totalement indignes. Quelle fut maintenant l’issue de ce combat ? Le résultat peut en être

    génèse il faudrait que la mère, issue de ses parents par procréation naturelle fût affectée de ce défaut moral et en transmit tout au moins la moitié à son enfant, nonobstant sa procréation surnaturelle ; partant, pour échapper à cette conséquence, il faudrait adopter le système de la préexistence des germes dans les parente et celui de leur développement non pas dans l’élément femelle (on n’éviterait pas ainsi la conséquence) mais uniquement dans l’élément mâle (non le système des ovules, mais bien celui des spermatozoïdes) ; cet élément n’étant pour rien dans une grossesse surnaturelle, la représentation dont nous avons parlé, devenue théoriquement conforme à cette idée, pourrait maintenant être défendue. ― Mais à quoi bon toutes ces théories pour ou contre, quand, dans la pratique, il suffit que nous nous représentions cette idée comme un modèle, en tant que symbole de l’humanité s’élevant d’elle-même au-dessus des séductions du mal (et résistant victorieusement aux tentations) ?]